L’arrivée au Laos est plutôt musclée mais la suite s’annonce bien plus douce. Ici, le dicton dit « Lao Time, Slow Time ». Nous l’apprécierons chaque minute!
Nous quitterons donc Sapa avec un bus de nuit comme nous les adorons pour rejoindre Dien Bien Phu. Je crois que nous n’aurons jamais fait aussi blindés. Même si nous nous endormons plutôt rapidement, nous serons réveillés avec musique à fond et néons en pleine poire, 2 heures plus tard, pour la dernière pause! La nuit sera aussi mouvementée que le bus; nous resterons embourbés aux abords d’un chantier avant d’être tirés de là par deux 36 tonnes, puis nous crèverons à 2 heures de l’arrivée.
Notre attente de 2 heures à Dien Bien Phu pour le second bus n’aura donc pas lieu, pas même le temps pour Flamant Bigeard de poser pour une photo à Dien Bien Phu ou même de faire pipi! Dès le débarquement, nous monterons dans un minibus entassés comme des poulets avec d’autres voyageurs français, anglais, américains… Ce minibus sera le début d’un loooooonnnng voyage de 5 heures. Tout comme le bus de Lao Caï, il dessert les commerçants, rajoute des marchandises à livrer de l’autre côté de la frontière ainsi que quelques passagers locaux. Papa Flamant est assis comme il peut, au milieu de l’allée, sur une planche qui fait office de strapontin sans dossier. Les Mini-Flamants et Maman Flamant se trouvent à l’avant (sur le moteur) avec 6 autres passagers dont une gentille mamie qui s’imposera doucement et sûrement sur ce qui nous restait d’espace vital au lieu de la petite place qu’on lui accordait sur le côté.
Surchargés, nous grimpons les belles montées laborieusement avec un chauffeur au téléphone dans les épingles à cheveux au milieu du brouillard. Dès que nous aurons traversé cette purée de pois, le paysage est enchanteur ! Les monts dorés par le soleil levant baignent dans cette mer de nuages. Nous serons malheureusement trop à l’étroit pour réussir à faire quelques photos mais c’est splendide !!!
A l’arrivée au sommet, nous passons le premier poste de frontière. C’est le tampon de sortie du Vietnam. Tour à tour, touristes et locaux – qui doublent de manière très subtile :)))))) – passent par le bureau qui ne dispose que d’un ordinateur !
Le minibus nous récupère à la sortie et 10 minutes plus tard, voici le second poste frontière pour l’entrée au Laos cette fois-ci. Là, c’est un joli ballet qui se met en place avec des passages payants à chacun des guichets :
- le premier pour le visa : 30$ pour les français mais + 2$ par visa parce que c’est le week-end (?????)
- le second pour les frais de tampons : 4$ par personne
- le troisième : 2$ par adulte pour le Tourism Fund !
Après avoir juste eu l’impression d’être de bonnes vaches à lait, nous passons devant une cahute où on nous demande de venir prendre notre température. Tout d’un coup, nous nous rappelons nos maintes lectures de blogs et le fameux coup de la température aux passages de frontières terrestres ! Trop tard ! Tout va très vite ! Le temps que Maman Flamant comprenne ce que le pseudo docteur beugle, que nous refusions, il s’empare de nos passeports et nous ordonne en hurlant de payer 5000 kips (0,5 €) par personne. Bien entendu, rien n’est officiel. Nous lui montrons le papier affiché au-dessus de son bureau qui indique que ce n’est payant que du lundi au vendredi. Rien à faire, le pimouss s’excite et nous continue de nous hurler dessus que c’est payant tous les jours !
La confrontation montera dans les tours. Nous tenterons de faire intervenir les gardes-frontières qui ne voudront pas se mouiller tant ils sont eux aussi dans la combine. Statut quo, nous refusons de payer et lui sommons de nous rendre nos passeports. A la demande de Papa Flamant et faute de comprendre tout ce qu’il se passe, les enfants (très bons comédiens) commencent à pleurer. Nous gagnerons alors 10 000 kips car il ne nous fera plus payer les enfants !
Nous aurons beau lui tenir tête, il est piqué au vif (d’autant plus que nous disons aux touristes qui nous suivent de ne pas payer) et n’en démordra pas. De confrontation en confrontation, il n’appréciera pas la vue de Papa Flamant qui sort son sandwich prêt à attendre et encore moins l’affront de Maman Flamant qui lui sommera les yeux dans les yeux de rendre les passeports, ça sera notre chef de bus qui flanchera et lâchera les 1 € pour récupérer nos passeports et faire repartir son bus plein à craquer.
Notre problème bien évidemment n’était pas la somme mais l’entourloupe. A ce prix-là, ce gars se fait en un jour le salaire d’un mois de travail de ses compatriotes, tout cela partagé gaiement avec ses amis gardes-frontières. Hors de vue, nous rembourserons notre bon samaritain qui ne pigera pas tout de suite notre démarche. Ce n’était juste pas à lui de payer. A part quelques français qui viendront nous soutenir après l’épreuve, le reste du bus restera un peu coi devant ce cirque.
Tout ce raffut sera quand même éprouvant (surtout quand vous ne vous sentez pas vraiment soutenus). Nous nous en remettrons gentiment avec un peu plus de 3 heures de route bien sinueuse jusqu’à Muang Kwa.
Un peu cassés, un peu fatigués, un peu tous tordus, nous arrivons enfin à notre première escale laotienne. La ville de Muang Kwa, ou plûtot le village, n’est pas très grand et ne regorge pas de mille intérêts. Pourtant, nous y ressentons immédiatement la justesse de la devise « Lao Time, Slow Time ». Au départ, nous mettrons cela sur le fait que nous sommes un dimanche. Les échoppes sont pour la plupart ouvertes mais un peu désertes, on se languit sur les chaises des bars, on joue à la pétanque, on se prélasse devant la télé. La commande du restaurant prendra presqu’une heure pour 2 plats (néanmoins délicieux).
Après avoir dégoté 2 chambres dans l’une des petites guesthouses de la route principale, nous nous baladons dans les alentours : l’école, l’embarcadère, le pont piéton…
Fatigués et usés par ce voyage peu reposant, nous nous endormirons assez tôt pour prendre le bateau à 9h30, qui nous conduira 5 heures durant le long de la rivière Nam Ou jusqu’à Nong Kiaw. Nous partagerons le bateau avec plusieurs français dont quelques-uns rencontrés dans notre minibus la veille.
La descente est paisible et les paysages alentours magnifiques. Nous passons des sortes de bateaux (« chercheurs d’or »??) qui semblent curer et tamiser les fonds de la rivière.
La vie sur les berges parait bien réglée. Nous passons prendre quelques marchandises ou passagers que nous déposons à chaque fois un peu plus loin. Les villages en hauteur sont bercés par ce rythme tranquille. Même les buffles ont la vie plutôt cool !
La végétation est luxuriante et extrêmement diversifiée. Nous apercevons tantôt des bambous, des amas d’arbres rappelant les banians, des bananeraies….
Les enfants s’occupent comme ils peuvent alternant lecture, jeux de cartes et pâte à modeler et tenterons maintes fois de prendre les commandes du bateau.
A Nong Kiaw, nous laisserons ce petit groupe de français et recroiserons les anglais rencontrés chez Sa à Bac Ha. Le monde se fait petit !
La recherche de notre chambre sera plutôt rapide. La saison haute commence mais il reste beaucoup de place. Nous emménagerons donc chez Samit à Mexxai Guesthouse. La chambre ne donne pas sur la rivière mais à l’avantage d’être grande, clean et très abordable.
Pour cette fin d’après-midi, les Maxi-Flamants s’offriront le luxe d’un bon massage pour se remettre d’aplomb (40.000 kips soit un peu plus de 4 euros les 60 minutes) pendant que les Mini-Flamants feront connaissance avec les enfants de la famille de la guesthouse et feront du vélo. Pour le lendemain, nous réservons un tour en bateau (cela nous manquait un peu) pour visiter 2 villages où nous goûterons à l’alcool de riz fraîchement sorti du fût et irons marcher jusqu’à une cascade perdue dans la montagne.
Nous nous sentons toujours un peu voyeuriste quand nous débarquons dans ces villages avec nos gros appareils photos et notre crème solaire. Nous essayons à chaque fois de choisir des agences qui respectent au plus près les habitants, la nature mais il reste tout de même une gêne que nous essayons de dissiper au mieux en montrant notre intérêt pour leurs modes de vie, leurs coutumes… Les enfants n’ont pas cette gêne. Ils se sentent partout chez eux, s’intègrent dans la vie, jouent, plaisantent… Voir un peu trop au goût des parents qui aimeraient qu’ils essayent davantage de respecter l’intimité des habitants… Savant mélange pour trouver le bon équilibre.
Notre guide, Fiur, est d’ici et nous présente ces villageois comme sa famille. Il est fier de montrer tous les moyens ingénieux mis en place. Il nous dit d’en profiter car le monde bouge et tout va très vite. Il sait que dans quelques années ces maisons de bambous seront toutes remplacées par du béton. Il leur souhaite même pour moins d’entretien, plus de robustesse, plus de confort.
L’électricité est arrivée il n’y a que 3 ans dans le village mais déjà tout le monde dispose de sa parabole. Fuir se réjouit tout de même de voir que les métiers artisanaux se perpétuent, que l’éducation arrive dans chaque village, que les jeunes ne désertent pas encore les campagnes pour la ville. Les moines, eux, se rapprochent tous des plus grandes agglomérations et ne reviennent que pour les grandes cérémonies.
A la sortie du second village, nous partons en direction de la cascade. La marche à travers les rizières puis la forêt est magnifique. Les couleurs, les odeurs, l’atmosphère sont splendides. La végétation offre une palette de vert somptueuse. Un vrai régal. Plus nous nous rapprochons de la cascade plus nous avons les pieds dans l’eau.
Les deux amis de Fiur qui nous accompagnent, converses et casquette sur la tête, seront très vite obligés de faire tomber les chaussettes et le look de djeuns. Ahhhhh les clichés, ahhhh les étiquettes!! En les voyant accoutrés de la sorte pour un sortie en mini-montagne nous leur avions affiché un beau post-it de kékés « glandeurs »… Ah c’est beau d’aller découvrir le monde et de se rendre compte que nous sommes encore si prompts à juger !!!
En discutant, nous découvrons qu’ils ont été moines très jeunes, loin de leur famille à Luang Prabang puis Chiang Mai, qu’ils ont fait leur trou aujourd’hui et font tourner une agence de voyage, qu’ils ne sont là que pour une journée (leur day off à 4h de Luang Prabang) pour rendre visite à la famille et aux copains, que leurs chants pendant la montée ne sont pas forcément les derniers hits et que sous la casquette il y a 1000 brins d’humilité, curiosité et générosité. Ils prendront les Mini-Flamants sous leurs ailes, leurs fabriquant des épées en bambous, allant leur décrocher des pamplemousses dans les hauteurs, les portant ou encore leur offrant un téléphone portable tout cassé, trouvé par terre, qui les comblera littéralement (Joséphine ne sort plus sans son portable, mimétisme????)
Alors nous nous ravisons et marcherons un peu moins fiers d’avoir accolé si précipitamment nos jugements sur l’habit du moine!
Nous arrivons au point de chute de la cascade et nous piquerons une tête dans cette eau fraîche et limpide avant un succulent repas servi sur une feuille de bananiers recueillie par notre hôte ! Nous jouons aux Robinsons dans ce cadre enchanteur et nous mangeons avec les doigts pour le plus grand plaisir des petits et des grands.
Le retour est tout aussi joli et cette balade restera un beau souvenir ! En 2 jours seulement, nous serons déjà conquis par le Laos !!
Certains membres du groupe pagaieront en canoë jusqu’à Nong Kiaw, prenant de temps à autres les Mini-Flamants à leur bord. Nous les attendrons ici et là en barbotant, sautant du bateau… Nous finirons cette belle journée par une session d’école et un joyeux repas chez Mama Alex que les enfants adorent!
Avant de repartir sur Luang Prabang, Maman Flamant insiste pour traîner la petite famille jusqu’au point de vue qui surplombe la petite ville mais surtout les alentours. Tous ceux que nous croisons nous assurent que ça grimpe pas mal et que c’est assez sportif pour les enfants mais n’ont pas assez de mots pour décrire la vue à 360°.
C’est avec une Mini-Flamante déjà exténuée à la sortie de la guesthouse que nous gravirons cette montagne ardue. 1h45 sans quasiment aucun répit et 1004 chansons plus loin pour encourager les petites jambes (nous sommes même allés jusqu’à « Yéyé les copains, c’est demain qu’on s’fait la malle… » Grosse trouvaille!), nous atteindrons le sommet avec cette vue à couper le souffle. Contents d’être là, nous pourrions admirer cette vue pendant des heures. Superbe spot pour une belle méditation ! Comme nous le répétons aux enfants, les belles choses se méritent.
La descente sera un peu moins fun et assez longue pour les chevilles et les genoux de certains mais pas pour la Mini-Flamante qui avait retrouvé toutes ses forces. Nous profiterons de notre trajet pour Luang Prabang dans l’après-midi pour nous reposer et admirer les autres paysages grandioses du Laos!!!
Nous avons hâte de découvrir cette nouvelle ville et d’y retrouver notre Tata Flamant de Paris !
Rhô la la que ça fait envie!! Les photos sont magnifiques. Je tiens le coup de « je mange mon sandwich » pour le visa cambodgien.
Des bisous et… à tout à l’heure! !!